Trois lycéens de G. Tillion se distinguent pour leur rôle de « passeurs de mémoires »
Léna Frambourg, Jeanne Soum-Barthas et Mathieu Grillères, élèves de Terminale du lycée G. Tillion de Castelnaudary, se sont récemment distingués par leur implication pour honorer et transmettre la mémoiredes acteurs de la Seconde Guerre mondiale.
Ils ont été sélectionnés par le jury départemental du Concours National de la Résistance et de la Déportation (CNRD), ont reçu le 2nd prix à l’échelle académique et ont pris la parole, aux côtés des associations patriotes et mémorielles, lors de la cérémonie de commémoration du 8 mai 1945, organisée à Castelnaudary.
A l’heure de la disparition des derniers témoins vivants de la Seconde Guerre et de la recrudescence des propos et actes haineux, racistes, antisémites…, leur engagement est essentiel car il ne faut pas oublier les mémoires et l’histoire si l’on veut que les tragédies passées ne se répètent plus. Nous avons donc choisi de donner la parole à ces jeunes afin de mettre en avant leur travail mais aussi de comprendre leurs motivations et le regard qu’ils portent sur le monde actuel.C. Fabre-Tournier : Pouvez-vous nous rappeler ce qui vous a poussé à vous inscrire à ce Concours annuel qu’est le CNRD ?
Léna : Nous y avions déjà pensé l’an dernier, notre professeur d’Histoire-Géographie, M. Barthès nous en avait parlé mais cela n’avait pu aboutir alors, dès la rentrée de Terminale, nous avons sollicité Mme Fabre-Tournier et M. Imart pour nous accompagner dans ce projet.C. Fabre-Tournier : Quel était le thème du CNRD cette année et qu’avez-vous imaginé comme production ?
Jeanne : Nous avons concouru dans la catégorie « travaux collectifs » sur la thématique de la « Libération et de la Refondation de la France entre 1943 et 1945 ». Pour point de départ nous avions envie de partir d’une plaque de nom de rue et de remonter la vie et l’engagementde cet homme ou cette femme qui aurait participé à la Résistance puis se serait ensuite engagé.e dans la vie politique française.C. Fabre-Tournier : Peut-on connaitre les coulisses du travail que vous avez réalisé et proposé au jury du CNRD ?
Léna : Il a fallu choisir notre personnage. Nous nous sommes arrêtés sur Francis Vals car c’était un local. Il est né en 1910 à Leucate, instituteur, sportif, il s’est distingué en tant que rugbyman au sein du Racing Club de Narbonne dans les années 1930 mais il s’est surtout engagé dans la Résistance en tant que président du Comité départemental de libération de
l’Aude. Puis, après la guerre il a œuvré pour la refondation républicaine au travers d’une riche carrière politique : avec des mandats locaux puis nationaux en tant que député de l’Aude,
siège qu’il a occupé jusqu’à sa mort en 1974.Mathieu : De manière plus pragmatique, nous avons dû nous rendre aux archives pour rassembler une documentation solide sur notre personnage. Il a fallu se familiariser avec le fonctionnement du lieu : les côtes… Ensuite trier les informations, écrire un scénario cohérent mais rigoureux scientifiquement car nous avions choisi de faire un film dans lequel nous suivrions notre enquête. Nous nous sommes donc rendus à Port-La Nouvelle et Leucate, à l’hôpital Francis Vals mais également au cimetière dans lequel il est enterré. S’en est suivi des heures de montages.
C. Fabre-Tournier : Qu’avez-vous appris, qu’avez-vous retiré de tout ce travail ?
Mathieu : Nous avons déjà pris conscience du travail de l’historien, notamment lors de votre journée aux Archives départementales de Carcassonne et ensuite, nous avons acquis des
connaissances supplémentaires sur cette période, des aspects qui sont moins, voire pas évoqués en classe comme par exemple l’engagement de Francis Vals.C. Fabre-Tournier : Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que vous aviez obtenu le 1er prix départemental et que votre film était sélectionné pour le jury académique ?
Léna, Jeanne et Mathieu (ensemble) : De la joie bien sûr, de l’émotion aussi et de la fierté, on s’est sentis honorés, reconnaissants.C. Fabre-Tournier : Nous vous avons ensuite proposé de participer à la cérémonie du 8 mai en lisant une lettre du général d’armée de Lattre de Tassigny, pourquoi avoir spontanément accepté ?
Mathieu : Cela s’inscrit pour nous dans le devoir de mémoire et dans la continuité de notre travail réalisé pour le CNRD. Laisser les jeunes parler sur ce genre de cérémonie renforce
la transmission aujourd’hui indispensable dans une période où la guerre est omniprésente et fait son retour en Europe.C. Fabre-Tournier : Selon vous, comment encourager d’autres jeunes à s’impliquer comme vous l’avez fait ?
Jeanne : Le concours du CNRD est important, ça motive. Il faut aussi aller sur le terrain des réseaux sociaux car c’est le premier support consulté par notre génération.
Le mercredi 28 juin, à l’initiative du Centre Lauragais d’Etudes Scientifiques, présidé par M. Dauzat, la municipalité de Castelnaudary a tenu à récompenser nos trois lycéens, entourés de M. Sartoré – proviseur adjoint du lycée - de leurs camarades de Terminale et des associations patriotiques et mémorielles locales.
Un grand bravo à eux, en espérant que leur témoignage fasse des émules et grossisse les rangs des « passeurs de mémoire » !